Il est 16 heures et les clients ne vont pas tarder à arriver.

Une semaine de croisière. Une famille d’Anglais. Un couple et 2 enfants de 12 et 14 ans.

La météo est bonne en ce début septembre. J’ai prévu le parcours classique des îles dalmates. Hvar, Korčula, Mljet, puis retour à Split. Mais à Mljet, cette fois j’éviterai Polače, pour aller plutôt à Pomena. Le temps que la poussière retombe. Que les choses se calment. Qu’on m’oublie un peu.

Le bateau est prêt. Les couchettes sont faites, les serviettes propres sont posées sur les lits. Les salles de bains sont ripolinées. Les pleins d’eau et de gasoil sont faits. Les cuves d’eaux noires vidangées.

J’ai fait les courses au supermarché de la marina. J’ai suivi leur liste d’avitaillement, mais j’y ai ajouté de quoi servir des apéros sympas et préparer quelques plats qui friment. Naturellement, j’ai aussi rempli la glacière de tout le nécessaire pour mixer des cocktails. Avec les Anglais, on ne plaisante pas avec ça… Schweppes, ginger ale, limes et tous les mixers possibles. Et surtout, j’ai prévu 2 bouteilles de gin pour être à l’aise. Et de la bière. Beaucoup de bière.

Depuis que je suis rentré, je fais profil bas. Je n’ai pas remarqué d’attention anormale à mon égard et je reprends lentement confiance. J’ai l’impression que la mort de Castellane a mis fin aux menaces contre moi. Laure m’a dit que l’explosion du tender est officiellement considérée comme un règlement de comptes. Il y a déjà 43 morts violentes depuis le début de l’année à Marseille, alors 4 de plus, ça ne va empêcher personne de dormir… Et un autre caïd a déjà remplacé Castellane à la tête du réseau. La place n’est pas restée vacante très longtemps. La Nature a horreur du vide…

Je vois mes clients qui s’avancent au bout du ponton. Avec des sacs de sport qu’on peut ranger sous les lits et pas des valises rigides à roulettes. Ça part plutôt bien. Ils ont l’air sympa. Equipés comme il faut. Les Anglais ont tendance à prendre le sport et la sécurité au sérieux.

A première vue, le type semble plutôt normal. Dans la finance probablement, mais pas puant comme un gérant de hedge fund qui sort d’Oxbridge. Bermuda bleu marine, polo Henry Lloyd gris et baskets Musto. Et une Casquette INEOS Britannia de la Coupe de l’America évidemment.

Et elle… On dirait Kelly Reilly. Rousse. Lookée voile chic. Jupe beige courte et marinière. Elle est sublime.

Je l’aime déjà.

 

 

F I N