Lorsque nous remontons à bord, il y a comme une tension entre nous. Une extrême conscience du corps de l’autre. Nous sommes à la fois attirés et prudents, comme si le moindre contact ou rapprochement pouvait déclencher un arc électrique. Mais nous savons aussi que cette décharge ne serait qu’un prix dérisoire à payer pour le soulagement que ce serait de nous serrer l’un contre l’autre.
L’eau ruisselle de nos corps. Il fait encore trop chaud pour avoir besoin de nous sécher. Le soir tombe doucement et c’est le calme de fin de journée, quand tout le monde se repose un moment et vaque à ses occupations domestiques en attendant l’heure de dîner.
J’ai envie de la prendre dans mes bras et de l’entraîner sur mon lit, mais en même temps, je savoure l’attente et ce moment magique où l’on est sûr. Sûr que l’on va aller plus loin. Que l’on va passer au niveau supérieur. Que l’on va coucher ensemble.
Elle a les yeux qui brillent et je sens qu’elle partage mon sentiment. Que nous sommes d’accord tous les deux. Que nous sommes raccord.
Malgré la chaleur, je vois ses tétons qui pointent un peu à travers le tissu du maillot. Je ne connais pas grand-chose de plus excitant. De voir la preuve du désir. Cette fois, je n’hésite plus à porter mon regard sur son corps. Elle me regarde la regarder et ça semble lui plaire.
Finalement, je me lance. Il ne faudrait pas non plus laisser passer le moment.
— Il fait un peu frais, non ? Tu ne veux pas te réchauffer à l’intérieur ?
Elle rit. Un rire cristallin, clair et pur comme l’eau qui coule d’une fontaine.
Elle me suit dans le carré. Même si j’ai ouvert tous les panneaux de pont pour tenter de créer un courant d’air, c’est une fournaise. Des perles de transpiration apparaissent immédiatement sur notre peau et se mêlent aux gouttes d’eau de mer qui n’ont pas encore séché.
Je l’entraîne dans ma cabine. Notre cabine, depuis qu’elle y a posé son sac et qu’elle s’y est changée.
Nous sommes debout face à face au pied du lit. Je tends la main vers son épaule et essuie la sueur et l’eau de mer. Je me penche vers elle et l’embrasse. Doucement d’abord, puis plus fort, lorsqu’elle ouvre sa bouche pour m’accueillir et que sa langue cherche la mienne.
Je m’écarte un peu et commence à défaire les nœuds qui ferment son maillot de bain. Elle a des marques de bronzage. J’ai un peu perdu l’habitude d’en voir à force d’avoir sur mon bateau des touristes qui se bronzent seins nus, voire totalement à poil, dès qu’elles en ont l’occasion. Mais je trouve ça attendrissant.
Ça m’émeut.
Et un petit triangle de poils très net. J’approche doucement ma main. Les gouttes qui ruissellent de son torse ont trempé sa toison.
Elle me regarde faire, curieuse de voir ce qui va se passer. Mais je retire ma main. Nous avons le temps.
Elle défait le cordon qui ferme mon maillot au motif majorquin, puis le fait glisser sur mes hanches. Mon sexe qui durcit lui rend la tâche plus difficile, d’autant que le tissu mouillé me colle à la peau.
Nous sommes nus face à face. Elle est magnifique.
Je lui prends la main et la guide sur le lit. Je m’allonge auprès d’elle, me relevant sur une main pendant que je la caresse de l’autre.
Il fait si chaud que nos corps sont luisants. Sa peau est mouillée. Je dessine d’un doigt léger les contours de toutes ses courbes. Elle retient sa respiration quand je passe la main sur son ventre. Elle m’attrape la hanche pour m’attirer sur elle. Je résiste.
— Shh… Nous avons tout le temps. D’abord, je dois désapprendre tout ce que je pense savoir. Je ne suis qu’un homme après tout.
Ça la fait rire. Elle est étonnée mais curieuse. Ça ne doit pas ressembler à ce qu’elle vit d’habitude. Mais elle est prête à jouer le jeu.
— Ensuite, il faut que je réapprenne tout à nouveau. Que tu me guides. Tout ce que tu aimes. Et ce que tu n’aimes pas. Comme ça, on part tout de suite juste…
J’espère aussi lui apprendre 2-3 choses de mon côté, mais on verra ça plus tard.
Alors, après chacun de mes gestes, je m’interromps et lui demande du regard si ça lui convient. Au début, elle hésite. Elle est gênée. Ou ne veut pas me vexer. Mais son corps me répond. Me dicte ma conduite.
Pendant près d’une heure, centimètre par centimètre, j’explore son corps du doigt et de la langue.
Et j’apprends.
Même si c’est moi qui mène le bal, elle ne veut tout de même pas rester passive. Alors, elle tente de me rendre mes caresses. Mais ce moment est pour elle, alors je ne l’encourage pas. Elle semble contrariée pendant quelques instants, un peu vexée même, mais je la rassure.
— Ne t’inquiète pas. Tu auras tout le temps. Profite du moment.
Alors elle se laisse aller. Elle ferme les yeux et s’abandonne au plaisir.
Et elle jouit. Plusieurs fois, je crois. Mais je ne lui demande pas. Ça ne changerait rien. Elle a l’air comblée et parfaitement détendue.
Finalement, je remonte doucement ses genoux sur sa poitrine pendant que je me place devant elle. Elle comprend. Elle ouvre les yeux et me sourit.
— Oh oui ! Je te veux en moi.
Elle relève les jambes pour les poser sur mes épaules. J’entre lentement en elle et elle a comme un petit jappement. Je peine à me tenir à ses hanches glissantes de sueur. La transpiration coule de mon front le long de mon visage et me pique les yeux. Des gouttes tombent de mon menton dans le creux de son cou.
Je suis bien. Me focalisant sur le plaisir de cette fusion de nos corps.
Très vite, j’ai beau m’efforcer de penser à mes impôts ou aux frais d’entretien du voilier, je ne peux plus me retenir et je laisse la vague se briser en elle. Je jouis à grandes saccades mais elle est si liquide que je ne suis pas sûre qu’elle sente quelque chose.
Je crois qu’elle aussi a joui, mais je n’en suis pas sûr. En tout cas, je l’espère.
Épuisé, je m’allonge à côté d’elle. Nous retrouvons lentement notre souffle. Le drap en dessous de nous n’est qu’une flaque. Elle tourne la tête et approche la bouche de mon oreille.
— Dis, on pourra refaire ça ? Je crois que je pourrais y prendre goût.