Danaé comprend le malentendu et explique.

— Adamou, c’est le nom de mon ex-mari. Je suis divorcée maintenant, mais je n’ai pas repris mon nom de jeune fille. C’est Vlachópoulou. Mon père s’appelait Kostas Vlachópoulos.

Le visage d’Alamanos s’éclaire. Il lui parle en grec et tous les 2 se mettent à échanger à toute vitesse.

Danaé semble réconfortée.

— Il me dit qu’il a bien connu mon père ! Que c’était une figure respectée de l’île et qu’il a toujours pensé que cette accusation de corruption ne tenait pas vraiment la route. Et que la thèse du suicide avait été retenue un peu trop vite…

À ce souvenir, sa mine s’est assombrie.

— Vas-y. Dis-lui. Ça fait 25 ans que tu attends ce moment. Maintenant que tu as enfin des preuves tangibles, c’est le moment. Sinon, tout ça n’aura servi à rien.

Alors Danaé se lance et raconte toute l’histoire à Alamanos qui écoute avec attention. Je vois qu’il prend ça très au sérieux et qu’il y croit. Il lui pose quelques questions et Danaé y répond sans hésitation.

Elle sort de son sac la clé USB et les photos que Michalátos nous a donnés. Je suis loin de comprendre tout ce qu’ils se disent, mais je saisis quelques mots çà et là. Elle lui raconte notamment ce qui s’est passé à Argostóli. Alamanos redouble d’intérêt.

Bien sûr, il était au courant qu’un homme avait été tué par balle sur l’île de Céphalonie. Ce n’est pas si courant après tout dans ces îles. Mais il n’avait pas fait le lien. Et avec un meurtre en jeu et un tueur professionnel en liberté, c’est clair que l’affaire prend une toute autre dimension.

Après 45 minutes, ils ont fait le tour de la question et Alamanos quitte la salle pour se livrer à quelques vérifications. Nous nous retrouvons seuls avec Danaé. Elle a l’air vidée.

— Tu vois, il a l’air de prendre ça au sérieux.

Elle hoche de la tête mais ne semble pas convaincue.

— C’est vrai… Mais est-ce que ça va suffire ?

Je n’ai pas grand-chose à dire pour la rassurer sur ce point.

— Tu as fait tout ce que tu pouvais. Tu as prouvé qu’Apátis avait détruit le temple ancien et que ton père avait raison. Maintenant, il faut laisser faire la police et la justice.

Elle esquisse un pauvre sourire.

— Je me sens perdue. Je n’arrive pas à me réjouir. Ça fait des années que j’attends ce moment. Et maintenant, je n’ai plus de but dans la vie. Mais surtout, j’ai peur qu’il ne se passe rien. Que nos preuves ne soient pas suffisantes et qu’Apátis s’en tire encore une fois

— Tu es trop dure avec toi-même. C’est toi qui me l’as dit : même si la justice ne peut pas grand-chose contre lui après tant d’années, les médias vont en parler et sa réputation sera fichue.

Alamanos revient dans la pièce à ce moment-là.

— Je viens de parler à la police d’Argostóli. Ils confirment votre histoire et sont soulagés d’avoir une piste à explorer, car ils étaient un peu dépassés. Il va falloir que je prenne vos empreintes et un prélèvement ADN. Après ça, vous pourrez partir.

Il nous amène dans une autre salle et nous confie à un technicien. Quelques minutes plus tard, nous sortons du commissariat, les mains encore tachées d’encre.

Nous sommes affamés et épuisés, mais nous n’avons pas la patience d’attendre un taxi, alors nous partons à pied vers le port. Après le calme de la nuit et l’ambiance un peu léthargique du commissariat, l’agitation des rues et la circulation trépidante agressent nos sens. Nous avons hâte de retrouver la tranquillité relative du bord de mer.

Le trajet ne dure que 15 minutes mais il fait si chaud que nous sommes au bord de la syncope quand nous arrivons au port. Le yacht-club est assez chic, voire même jet-set. Il est très animé le soir mais heureusement plutôt calme pendant la journée. Après toutes ces aventures, nous nous sentons un peu décalés dans cet endroit, mais nous n’avons pas le courage d’aller ailleurs.

Après une bière bien fraîche et un repas copieux fait de tzatziki, de dakos et de keftas, je retrouve un peu goût à la vie. La perspective d’une sieste crapuleuse avec Danaé aide aussi, même si je ne suis pas sûr qu’elle soit dans le même mood.

Ça m’inquiète un peu d’ailleurs. Depuis notre nuit torride à Mongoníssi, il ne s’est pas passé grand-chose sur le plan sexuel entre nous. Bien sûr, il y a eu des tas de bonnes raisons à ça. La fatigue. La tension. Ou tout simplement parce que nous étions trop occupés à manœuvrer le bateau, à sauver notre peau, à faire disparaître des cadavres ou à être enfermés dans une salle d’interrogatoire.

Alors, c’est normal que tout ça jette un peu un froid et que nous n’ayons pas transformé la cabine avant en suite nuptiale. Mais j’aimerais bien qu’on inverse la tendance.

Sur la jetée qui nous mène au bateau, je passe le bras autour de ses épaules et elle se rapproche de moi. Arrivé devant la passerelle, je la tourne face à moi et embrasse doucement ses lèvres pour tâter le terrain. Elle me regarde les yeux grands ouverts et me taquine du bout de sa langue.

— J’ai envie.

Mes inquiétudes s’envolent d’un coup. Je la prends par la main et l’aide à monter à bord. Quand nous descendons dans la cabine, il fait si chaud que nous éclatons presque de rire. Nous transpirons déjà à grosses gouttes. On dirait bien que ce sera comme l’autre soir à Mongoníssi : un exercice torride dans tous les sens du terme. Et humide. Très humide.

Nous nous débarrassons rapidement de nos vêtements avant de prendre une douche pour tenter de nous rafraîchir un peu. Encore trempés, nous nous allongeons sur la couchette, à la fois pressés mais aussi soucieux de prendre notre temps. Nos corps sont brillants de sueur et d’eau.

Cette fois, Danaé n’a pas envie de rester passive. Elle me plaque la main sur la poitrine et me disant de me laisser faire. C’est son tour de me faire languir et d’explorer mon corps avec ses doigts et sa langue. Après de longues minutes de torture délicieuse, sa bouche s’empare enfin de mon sexe. J’en avais très envie et j’ai dû me retenir de poser ma main sur sa tête pour la guider.

Mais je joue le jeu. Je la laisse décider et mener le bal. Elle le fait très bien d’ailleurs et la façon dont elle me regarde droit dans les yeux en engloutissant ma bite me rend fou.

Puis elle me chevauche et s’empale doucement sur moi. Je glisse ma main sous son sexe pour pouvoir stimuler son clito. Malgré la touffeur, elle s’active vigoureusement, montant et descendant rapidement à la force de ses jambes, et commence à gémir de plaisir. Des gouttes de sueur glissent sur ses seins et inondent ma poitrine. Au bout d’un moment, elle se laisse partir en arrière et nous glissons tellement que j’ai peur de la désarçonner. Puis elle revient vers l’avant et s’appuie sur des deux bras. Ses seins se balancent au-dessus de moi, alors je redresse la tête pour en attraper un dans ma bouche. Je suce et j’aspire son téton. On dirait qu’elle apprécie car son rythme s’accélère de plus en plus. Yihaa cowgirl ! Elle finit par trembler de tout son corps avant de se laisser tomber en avant et de s’étendre sur moi, puis de s’allonger à côté de moi, ruisselante et pantelante.

Tout ça a été trop rapide pour moi et mon sexe est encore douloureusement tendu. Elle s’en rend compte et a un petit rire.

— Oups, désolée. Je n’ai pensé qu’à moi.

Elle se lève et sort de la cabine. Je l’entends fouiller dans la glacière et revenir avec une bouteille d’eau, embuée de condensation. Elle en boit une grande gorgée.

— Ouf. Ça fait du bien… Si tu savais comme j’ai chaud.

Ça doit lui donner une idée car elle fait couler de l’eau sur sa poitrine. Elle frissonne. De froid ou de plaisir, je ne sais pas. Dans doute un mélange des 2. Je vois ses tétons durcir.

D’un air mutin, elle se baisse sur mon sexe dressé. Elle prend un peu d’eau froide dans la bouche, puis m’engloutit entre ses lèvres. La sensation de fraîcheur est incroyable. Je ferme les yeux et me laisse aller au plaisir.

Elle recommence ce manège plusieurs fois, tout en prenant mes testicules dans sa main. Et lorsqu’elle enfonce son doigt dans mon cul, je jouis d’un coup dans un éblouissement de bonheur.

Nous restons un moment silencieux, jusqu’à ce qu’elle se redresse et me regarde droit dans les yeux.

— Nous avons risqué la mort ensemble. Nous avons fait l’amour ensemble. Ces derniers jours m’ont transformée. Tu m’as transformée. Avant, j’avais des envies de vengeance. J’imaginais ce que j’allais pouvoir faire. J’échafaudais des plans. Mais maintenant, je ne me contente plus de rêver. Je fais. Je suis une guerrière. Je suis une tueuse. Et j’irais jusqu’au bout. Quoi qu’il en coûte.